Choke Time : ces têtes de série #1 sorties au premier tour des Playoffs

Le 20 avr. 2014 à 13:26 par Nicolas Meichel

Ca y’est, nous y sommes, les Playoffs sont là ! Le premier tour arrive et souvent, celui ci ne représente qu’une simple formalité pour les favoris : sweep, 5 matchs, 6 au grand max…bref, une mise en route, un échauffement, un apéro. Mais parfois, l’apéro se transforme en soirée cauchemar et rien ne se passe comme prévu. C’est exactement ce qu’ont vécu cinq équipes classées #1. Dominantes en saison régulière, elles auraient du exploser leurs adversaires. Finalement, elles se sont pris un retour de flamme terrible. Retour sur ces cinq séries qui auront défié la logique de la NBA en nous offrant les plus belles surprises de l’histoire des Playoffs.

1994 : DENVER NUGGETS (#8) – SEATTLE SUPERSONICS (#1) : 3-2

Il faut un début à tout. Pour la première fois de l’histoire des Playoffs, une tête de série #8 remporte son duel contre une tête de série #1. Pourtant menés 0-2, les Denver Nuggets vont réussir l’impossible en gagnant les trois prochains matchs pour s’imposer au final 3-2 (série au meilleur des 5 matchs à l’époque). L’image de Dikembe Mutombo avec le ballon dans les mains à la fin du match 5, à Seattle qui plus est, restera dans les annales de la NBA. Gary Payton et Shawn Kemp n’en reviennent pas.

Tout avait pourtant si bien débuté pour Seattle. Après avoir remporté 63 matchs en saison régulière, les Sonics ne devaient faire qu’une bouchée de Denver, qualifié avec un bilan tout juste positif (42-40). Les deux premiers matchs n’ont été qu’une formalité pour Gary Payton et les siens, vainqueurs 106-82 et 97-87 dans leur salle. Le sweep est annoncé, mais les Nuggets vont imposer leur dureté défensive et revenir dans la série. Vainqueur 110-93 dans le match 3 puis 94-85 dans le match 4, l’équipe de Dan Issel a l’occasion de réaliser l’improbable. De retour à Seattle où les Sonics sont quasiment invincibles (37-4 en saison régulière), les Nuggets vont jouer le match de leur vie. Denver ralentit et contrôle le tempo du match, en jouant notamment beaucoup sur leurs intérieurs, que ce soit Dikembe Mutombo, LaPhonso Ellis ou Brian Williams. Défensivement, Gary Payton et Shawn Kemp sont bien muselés. Le duo est limité à 33pts. Serré de bout en bout, le match finira en prolongations, où les Nuggets feront la différence pour l’emporter 98-94.  

La NBA est choquée, et le Space Needle est en passe de s’écrouler. Seattle, archi favori, est dehors. Denver continuera sa route, avant de se faire éliminer en demi-finale de conférence contre le Jazz d’Utah.

 1999 : NEW YORK KNICKS (#8) – MIAMI HEAT (#1) : 3-2

Après une saison raccourcie pour cause de lock out, les ennemis intimes que sont Miami et New York se rencontrent au premier tour des Playoffs de la Conférence Est. Même si le classement les oppose complètement, la différence de niveau entre les deux équipes n’était au final pas si élevée. En effet, l’écart au niveau du bilan n’est que de six victoires (33-17 à 27-23).

Cette tendance est confirmée après le premier match, remporté largement par New York sur le parquet de Miami. Malgré la bonne performance d’Alonzo Mourning, le trio Houston-Sprewell-Ewing fera la différence et permettra aux Knicks de l’emporter de 20 points. Le second match est quand à lui largement à l’avantage du Heat, devant quasiment tout le match. Le duo Tim Hardaway-Alonzo Mourning est de trop pour New York, qui s’inclinera 83-73. Au Madison Square Garden, New York a l’occasion de finir la série avec deux matchs à domicile. Largement vainqueur de la troisième rencontre 97-73, les Knicks sont tout proches de réaliser l’exploit. Malheureusement pour eux, le quatrième quart-temps du match 4 leur sera fatal. Pourtant devant au score 62-58, New York va craquer et encaisser un 29-10 dans la dernière période. Porté par Zo, Terry Porter et auteur de seulement six pertes de balle, Miami force un match décisif à domicile.

De retour en Floride, la série va atteindre des sommets. Les deux équipes se rendent coup pour coup, et l’atmosphère est irrespirable. A égalité 60-60 à l’entame du dernier quart-temps, les deux équipes donnent tout. Miami prend les commandes et mène 77-74 grâce à deux lancers francs de Porter à une minute de la fin. Mais le Heat ne marquera plus. Ewing rentre deux lancers, avant qu’Allan Houston ne crucifie la Floride tout entière sur un shoot improbable entre deux défenseurs, la balle rebondissant plusieurs fois sur l’arceau. Porter tentera bien un dernier shoot, mais en vain.

Les Knicks l’emporteront 3-2, et deviendront ainsi la seconde équipe classée #8 à éliminer une équipe classée #1, cinq ans après Denver. La belle aventure new-yorkaise continuera jusqu’en finales NBA, où New York s’inclinera 4-1 contre San Antonio.

2007 : GOLDEN STATE WARRIORS (#8) – DALLAS MAVERICKS (#1) : 4-2

Qualifiés in extremis pour les Playoffs, les Golden State Warriors gagnent le droit d’affronter les Dallas Mavericks, alors champions en titre de la Conférence Ouest, et guidés par le MVP de la saison régulière, l’allemand Dirk Nowitzki. Le sweep est déjà programmé. Dallas semble trop fort, et le bilan incroyable des Mavericks en saison régulière (67-15) parle de lui-même. Pour beaucoup, Golden State est destiné à faire de la figuration. Mais on ne le répétera jamais assez, une série de Playoffs se joue sur les match-ups, et Golden State était construit pour poser des problèmes à Dallas.

A l’époque, Golden State était l’une des meilleures équipes offensives de la ligue. Avec Baron Davis à la mène, et Stephen Jackson et Jason Richardson sur les ailes, sans oublier Matt Barnes, Monta Ellis ou encore Mike Pietrus et Al Harrington, les Warriors avaient un effectif très explosif. A noter que Jackson et Harrington ont été récupérés en milieu de saison par l’intermédiaire d’un trade avec les Pacers le 17 janvier 2007, impliquant pas moins de 8 joueurs. Cet échange fut déterminant pour les Warriors dans le sens où il donnera une vraie identité à l’équipe, tout d’un coup devenue plus athlétique et plus talentueuse. Le « run and gun » était en marche, avec l’inépuisable Don Nelson, ancien coach des Mavericks, aux commandes. Le jeu rapide et le small ball des Warriors vont complètement fait exploser les Dallas Mavericks tout au long de la série. Dès le premier match, Golden State prend les commandes. Guidés par un incroyable Baron Davis (33pts, 14rbs, 8ass), les Warriors s’imposent 97-85 sur le parquet de l’American Airlines Center. Le MVP de la saison Dirk Nowitzki passe quand à lui au travers (14pts à 4/16 au tir). Le match 2 est cependant à l’avantage de Dallas, qui revient à égalité dans la série en s’imposant 112-99. La série va ensuite quitter le Texas pour arriver en Californie. Tout le monde s’attend à voir les favoris de la saison reprendre le dessus, et réparer l’accident du match 1. Mais c’était sans compter sur une chose : l’Oracle Arena d’Oakland. 20 000 fans, 20 000 believers (en référence à la campagne « We Believe » de l’époque), et une salle en fusion. Rarement la NBA n’aura connu une arène avec une telle ambiance. C’était comme si les fans avaient gardé toute leur énergie depuis 1994 (dernière année où Golden State était en Playoffs) pour la faire ressortir en 2007. Dallas semble perdu dans cette folie ambiante et la série venait de passer dans une nouvelle dimension. Les Warriors ne perdront pas l’avantage du terrain, pas dans une ambiance pareille. Golden State remporte les matchs 3 et 4, et mène à la surprise générale 3-1. Le trio Davis-Richardson-Jackson est à la fête, et les Mavericks sont eux à terre. La série se finira finalement sur le score de 4 victoires à 2 pour les californiens, qui s’imposeront 111-86 dans le match 6. L’homme du match, Stephen Jackson, réalise un match exceptionnel, des deux cotés du terrain. Il finit la rencontre avec 33pts, en mode shooteur d’élite (7/8 à 3pts), tout en faisant un superbe travail défensif sur Dirk Nowitzki, limité à 8pts à 2/13 au tir.

Golden State venait de rentrer dans l’histoire, et toute la Bay Area était en fusion. Les Warriors avaient probablement réalisé le plus grand upset dans l’histoire de la NBA. Ils se feront finalement éliminer par le Jazz d’Utah en demi-finale de conférence.

2011 : MEMPHIS GRIZZLIES (#8) – SAN ANTONIO SPURS (#1) : 4-2

C’était il y’a seulement 3 ans. Les effectifs n’ont d’ailleurs pas beaucoup changé depuis. On avait déjà Tony Parker, Tim Duncan, Zach Randolph, Mike Conley, Marc Gasol ou Manu Ginobili. Largement favoris, les Spurs tomberont sur un os. Plus athlétiques, plus jeunes, plus frais, les Grizzlies ont dominés les texans, handicapés par plusieurs blessures. Sans retirer quoi que ce soit aux oursons, les états de santé de Ginobili (blessé à l’épaule) et de Tim Duncan (cheville) ont fortement diminué San Antonio. Mais Memphis, privé de Rudy Gay, a su en profiter.

Vainqueurs en 6 matchs, les Grizzlies ont appuyé là où ça fait mal. Dominant dans la raquette (surtout en fin de série), Memphis a imposé son jeu, sa dureté. Auteur d’une série exceptionnelle, Zach Randolph aura prouvé à quel point il était un intérieur fantastique. Sa performance lors du sixième match restera dans les mémoires, lui qui inscrira 31pts dont 17 dans le dernier quart-temps. A coté de lui, l’espagnol Marc Gasol aura fait un boulot remarquable tout au long de la série. Dominateur au rebond et efficace en attaque, l’espagnol a lui aussi fait la différence, et les Spurs n’ont pas su trouver de réponse. Tony Parker a tant bien que mal tenté de sauver son équipe, mais il s’est retrouvé un peu trop seul, et a souvent été gêné par la défense de Mike Conley.

Prenant le contrôle dès le premier match, Memphis n’a jamais été mené dans la série. Auteur du shoot de la gagne lors du match 1, Shane Battier a montré la voie comme tout bon vétéran qui se respecte. San Antonio égalisera dans la série avant de perdre deux fois de suite à Memphis. Menant 3-1, les Grizzlies sont tout proches de tuer la série dans le Texas, mais c’était sans compter sur un 3pts improbable de Gary Neal au buzzer, permettant aux Spurs d’arracher la prolongation pour ensuite s’imposer 110-103. Cette victoire in-extremis de San Antonio ne fera que retarder l’échéance. De retour dans le Tennessee, les Spurs n’arriveront pas à inverser la tendance. Memphis s’impose 99-91 pour clôturer la série.

Encore une fois, cette série a montré l’importance des match-ups en Playoffs. Moins talentueux et moins expérimentés, les Grizzlies avaient tout de même les armes pour bien gêner les texans : une raquette monstrueuse, une défense extérieure redoutable (avec notamment Mike Conley, Tony Allen et Shane Battier), sans oublier le brin de jeunesse que les Spurs redoutent tant (avec le bon apport des jeunes du banc, comme O.J. Mayo, Darrell Arthur et Greivis Vasquez). Au final, Memphis aura dominé son sujet, et mérité sa qualification.

Malheureusement pour les Grizzlies, cet exploit restera sans suite, puisqu’ils s’inclineront au tour suivant face la jeunesse du Thunder, en sept matchs.

2012 : PHILADELPHIA 76ERS (#8) – CHICAGO BULLS (#1) : 4-2

Il reste un peu plus d’une minute à jouer dans le match 1, et les Chicago Bulls se dirigent tranquillement vers une victoire convaincante. Devant au score 99-87, Chicago avait assuré l’essentiel, et Derrick Rose, MVP de la ligue la saison précédente, réalise un match plein avec 23pts, 9rbs et 9ass. Bref, tout allait pour le mieux pour des taureaux aux cornes pointues. Tout allait bien jusqu’à cette action qui hantera longtemps toute la ville de Chicago. Sur une pénétration anodine, l’enfant du pays se pète le genou. Au sol, D-Rose emmène avec lui l’ensemble des espoirs de son équipe. Le public retient son souffle, mais le drame était arrivé. Le verdict est sans appel, rupture des ligaments croisés du genou droit.

En perdant Derrick Rose, Chicago n’avait pas seulement perdu son meilleur joueur, mais également son âme, son symbole, son héros. La victoire du match 1 était presque devenue anecdotique. Les Bulls savaient que sans leur numéro 1, les rêves de titre devenaient illusoires. Complètement abasourdis par cette terrible nouvelle, les taureaux lâchent l’avantage du terrain dans le match 2 où les 76ers l’emportent 109-92 derrière leur trio Jrue Holiday-Evan Turner-Louis Williams. Conscient de l’opportunité, Philadelphia ne lâchera pas le morceau. Et comme si ça ne suffisait pas, Joakim Noah se blesse à la cheville lors du match 3. Les 76ers remportent leurs deux matchs à domicile, grâce notamment aux belles performances de Spencer Hawes, et mènent donc la série 3-1. Les Bulls, en manque de solution offensive, ressortent bien vainqueurs du match 5, mais déposent les armes dans la ville de l’amour fraternel. Le match 6 est ultra-serré, et Chicago est tout près de forcer un match 7 dans la Windy City. Omer Asik, auteur d’un match plein, est sur la ligne des lancers francs à sept secondes de la fin. Il a l’occasion de donner trois points d’avance à son équipe, qui mène alors 78-77. Brique + Brique, Iguodala prend le rebond, traverse le terrain et provoque la faute de ce même Asik à 2,2 secondes de la fin. Résultat : deux lancers francs, ficelle + ficelle. C.J. Watson tente un dernier tir impossible, mais la balle rebondira sur l’arceau. C’est fini, Philly exulte, et Iggy monte sur la table de marque. Les 76ers remportent donc la série en six matchs, et deviennent ainsi la cinquième équipe classée #8 à éliminer une équipe classée #1.

Chicago, décimé par les blessures, a tout donné. Evidemment, l’histoire aurait sans doute été différente si Derrick Rose n’avait pas des genoux en carton. Mais les 76ers en ont parfaitement profité. Ils donneront même des sueurs froides à Boston au tour suivant, où ils s’inclineront en sept matchs.

Après avoir lu cet article, sans doute que Gregg Popovich et Frank Vogel auront quelques sueurs froides. Oui, rien n’est joué à l’avance. Une série reste une série. Tout peut arriver. San Antonio et Indiana sont prévenus. Si ces deux équipes ne veulent pas se retrouver sur cette liste dans deux semaines, il faudra qu’elles imposent leur style de jeu, en ne prenant pas leur adversaire soi disant plus faible à la légère. Si Dallas et Atlanta sont en Playoffs, c’est qu’ils ont mérité leur place (quoi que Atlanta…), et ces deux équipes donneront tout ce qu’elles ont pour rentrer dans l’histoire.

Source image : streetball.com


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