Dossier Grizzlies : fini le miel, les Oursons sont devenus carnivores

Le 21 juil. 2014 à 15:45 par Giovanni Marriette

Pas besoin d’avoir un MVP en titre dans son roster pour être ambitieux. Pas besoin de compter en son sein des pourvoyeurs de alley-oops pour être compétitifs. Dans un Ouest à peu près aussi dangereux qu’une réunion de cannibales au régime, peu nombreuses sont les franchises capable de jouer raisonnablement le Top 4. Messieurs dames prenez-garde, le Grizzly est silencieux mais il est là, planqué dans un gros buisson, à mater toutes ses proies la bave aux lèvres…

Des Spurs au dessus du soleil, le Thunder potentiellement tellement énorme ,des Clippers à l’armada hyper complète, de jeunes Blazers qui arriveront très prochainement à maturité… Puis quelques teams toujours à prendre en considération quoiqu’un cran en dessous comme des Suns en mode Usain Bolt à l’arrière, des Mavs intelligemment renforcés, des Warriors bientôt capables de scorer 200 points chaque soir avec Steve Kerr à la baguette sans oublier les cocus Rockets qui auront à cœur de ne pas régresser malgré un évident manque d’attractivité cet été… Puis les jeunes Mormons, les intrigants Nuggets, les Pelicans de ce « mono-sourcil » bientôt au sommet de la ligue. En fait, c’est bien toute la Conférence Ouest qui sera cette année encore un coupe-gorge sans pitié. Mais au sein de cette saine concurrence se détache peut-être une franchise, un ourson qui aiguise ses griffes et fait ses réserves de bouffe d’année en année, en silence…

50-32. Non ce n’est pas le score final de l’un des matches de la fabuleuse Summer League que l’on vient de vivre à Vegas, mais bien le bilan annuel comptable du squad de Dave Joerger la saison passée. Une 7ème place acquise dans la dernière ligne droite même si, soyez sérieux, personne ne doutait une seconde que les Grizz’s ne viendraient pas damer le pion à de pauvres Suns terriblement sexys mais au moins tout autant essoufflés début avril… Autre chiffre à prendre en compte en 2014: 23. Un nombre mythique mais qui représente surtout ici le nombre de matches manqués par Marc Gasol, membre éminent du trident de franchise players du Tennesse. Marc Gasol, ni plus ni moins que la plaque tournante de l’attaque de l’équipe, l’un des meilleurs pivots passeurs de la ligue (presque 4 assists de moyenne) et accessoirement meilleur défenseur NBA il y a 2 saisons (malgré d’évidentes bizarreries dans ce classement mais bon…). Le frérot Gasol qui aura tout de même failli réussir à aider les siens à sortir l’inconstant Thunder il y a quelques mois en PlayOffs… Rajoutez à cela la trentaine de matches manqués par le rottweiler Tony Allen et vous obtenez une équipe tout à fait capable, au complet, de poser 60 victoires sur le tapis ensanglanté de la Conférence Ouest…

Mais une fois attendus et disposant de toutes leurs armes, les Grizzlies sont-ils capables de répondre aux attentes et jouer un peu plus qu’un ou deux tours de PlayOffs ? Réponse : oui.

Pourquoi ? Premièrement parce que jouer Memphis est chiant. Bénéficiant de top players défensifs à chaque poste, cette équipe s’apparente à ce petit poucet moldave en Europa League, vous savez celui qui place 10 armoires dans la surface et qui vient chercher le 0-0… Gasol et Randolph à l’intérieur, Lee, Prince, Conley et Allen dans les ailes, tout ce petit monde est capable d’annihiler les solistes adverses en sortant la camisole estampillée Oursons… En attaque par contre, si tous ces joueurs manquent peut-être terriblement de génie et de la petite flamme qui leur permettra un jour de squatter les Top 10 (on en doute), l’ensemble est odieusement propre et solide. Z-Bo et Conley sont 2 maîtres du pick’n’roll (quoique le gros Zach préfère nettement s’en servir pour un petit shoot dans la zone intermédiaire) qui nous feraient presque oublier Stockton/Malone et Nash/Stoudemire (on exagère à peine) et Courtney Lee a amené l’an passé dans ses bagages la menace extérieure qui faisait défaut à l’équipe. Tayshaun Prince est cramé mais sur un temps de jeu beaucoup plus réduit est capable avec ses tentacules d’emmerder n’importe qui pendant 10 minutes. Puis évidemment le grand Marco. Magnifique facilitateur qui mériterait sans doute une belle place dans le roster des Spurs (l’été prochain?), sa présence suffit à libérer de l’espace pour les shooteurs et son association de gros baloos avec Randolph est un problème majeur pour toutes les raquettes de la NBA… Rajoutez à cela des joueurs de devoir en sortie de banc (Kostas Koufos terriblement efficace et un Beno Udrih qui a montré en fin de saison dernière qu’il était tout sauf la moitié de vieillard sans swag entrevu aux Knicks quelques mois auparavant) et vous obtenez un ensemble homogène, sans génie mais parfait au niveau alchimie et efficacité… Une sorte de Spurs époque 2001/2003 avec, toutes proportions gardées bien sûr, 2 intérieurs dominants, un meneur doué sur le PNR et un ou deux chiens de garde sur les ailes, le tout entouré par des joueurs chacun dans leurs rôles et voués au collectif d’un côté comme de l’autre du parquet…

Et les transactions de l’été d’ailleurs ? Et bien du 100 % Grizzlies, à savoir quelques ajustements loin du clinquant de l’Ohio mais très logique pour le coup. Adieu Mike Miller parti rejoindre son bestfriend à Cleveland, adieu James Johnson, superbe électron libre en sortie de banc mais trop limité pour mériter plus que ses 10 minutes par ci et par là… Babaille également à Ed Davis parti chercher les embrouilles le soleil à Los Angeles. Dans le sens inverse, c’est Vince Carter qui atterrit donc au pays d’Elvis. A des années lumières de son fonds de commerce du début des années 2000 quand il touchait chaque soir les cercles avec ses hanches, Vinsanity s’est mué intelligemment ces dernières saisons en 6ème homme de luxe, toujours capable de prendre feu derrière la ligne en plus de sa capacité pas encore morte à aller chercher les contacts sur ses drives. Défenseur devenu plus que correct, on l’a ainsi souvent vue la saison passée avec les Mavs se charger du pistolero adverse sur les ailes. Pouvant poster ou jouer dans le périph’ selon la match-up, il amène également son expérience (16 saisons dans la ligue) dans le roster de Joerger. Une très bonne pioche, une pioche à 12 millions.

Moralité de tout ça ? Memphis est dans l’ombre mais Memphis est armé. Gasol and co. ne pourront pas se cacher longtemps et il faudra assumer dès octobre ce statut d’équipe intelligemment construite et enfin arrêter de se contenter de cette éternelle place de franchise uniquement douée et chiante. Qu’on se le dise, le miel ne suffit plus à ces Oursons, désormais c’est de la viande qu’il leur faut…

source image :thefrontofficenews.com