Paul George se blesse gravement avec la Team USA : quelles conséquences envisager ?

Le 02 août 2014 à 11:09 par Bastien Fontanieu

Hier soir à Las Vegas, lors d’un match d’exhibition proposé par la Team USA, Paul George a plongé la NBA et le monde du basket dans un weekend sordide en brisant sa jambe sur une action anodine. L’occasion de répondre à plusieurs questions qui surgissent naturellement.

(!) Attention, TrashTalk a souhaité mettre les images à votre disposition par devoir d’information, mais ce sans vous les imposer. Vous les trouverez dans le lien YouTube suivant : cliquez ici. Âmes sensibles s’abstenir définitivement (!)

L’ambiance était pourtant au beau fixe. Derrick Rose de retour, un premier match pour montrer le potentiel de ce roster alléchant, la ville où tout est permis et des joueurs concentrés afin de représenter la bannière étoilée. Ce qu’on ne savait pas, c’est que la fin de soirée serait aussi violente et insoutenable que la dernière saison des Lakers : Paul George réalise jusque là un match moyen mais décide d’aller contrer James Harden sur un lay-up, sa jambe se bloque contre la section principale du panier et sa jambe droite craque. Tout le tibia explose comme une allumette craquée entre deux doigts. Immédiatement, les joueurs réagissent avec émotion, certains cachent même leurs têtes sous une serviette, silence de mort dans la salle et le staff médical complet se précipite vers le joueur qui reste incroyablement serein.

Coach K décidera alors d’arrêter le match, voyant ses joueurs choqués par ce qu’ils viennent de voir, et comprenant la gravité du moment. Les réseaux sociaux et les chaines américaines se déchainent : journalistes, joueurs et fans mélangent leur vendredi soir dans un bol d’horreur, d’anxiété, de soutien et de compassion. Une scène surnaturelle qui pousse du coup de nombreuses questions à être posées. Le genre de questions auxquelles nous tenterons bien évidemment de répondre ci-dessous.

1) La carrière de Paul George est-elle terminée ?

Commencer par l’intéressé, voilà la première des priorités. En voyant cette action, cette blessure affreuse, les souvenirs du jeune Kevin Ware refont surface. Même Shaun Livingston, qui avait vécu un évènement tout aussi tragique il y a quelques années avec les Clippers, a eu sa place dans les mentions hier soir. Premier constat évident : il faudra plus d’un an pour voir Paul George s’en remettre. Mais pourra-t-il reprendre le basket ? Bien évidemment. On a affaire ici à une fracture, il s’agit donc d’une question osseuse plutôt qu’une ligamentaire. De là à dire que c’est trop facile et qu’il ne faut pas s’inquiéter, non, mais voilà au moins le premier message que peuvent enregistrer les fans des Pacers, ou de basket tout simplement : PG a toutes ses chances de retourner sur les terrains et retrouver son niveau All Star. Cependant, il sera important de surveiller deux choses. La première, c’est la rééducation mentale du garçon. On l’a vu avec Derrick Rose, il n’y a rien de plus sous-estimé que l’approche psychologique d’un come-back, la pression vécue et auto-exercée ainsi que ses conséquences. C’est à George de montrer une détermination et une confiance exceptionnelle, comme il a su le faire notamment hier soir en affichant un calme surhumain en plein chaos. La deuxième, c’est bien évidemment l’ensemble des séquelles athlétiques qu’il pourrait rencontrer. Grand athlète, dunkeur suprême, George pourra-t-il retrouver ses formidables qualités physiques pour garder Indiana dans les hauteurs de la Ligue ? Une question à laquelle le joueur et la science pourront nous répondre dès ses premiers match rejoués.

2) Mais que foutait la structure du panier aussi proche de la ligne de sortie ?

C’est le point technique sur lequel Adam Silver devra vite prendre une décision. Explications. Cette blessure, aussi impressionnante fût-elle, pouvait arriver à tout le monde. Ce n’est pas parce que c’est arrivé à un All Star qu’il faut du coup revoir l’ensemble des compétitions internationales, le calendrier des joueurs, la position américaine sur le conflit israélo-palestinien et la théorie de la relativité. C’est triste à dire, mais ce qu’a vécu Paul George, vous et nous pouvions le vivre aussi. Il s’agit ici de la dure loi du sport : on peut se donner sans le moindre soucis pendant des années, et soudain vivre une blessure atroce. Les règles FIBA stipulaient que le panier devait être plus proche, George s’est blessé, terminé. Cependant, quitte à prendre un joueur en exemple pour donner une leçon collective, autant le faire aujourd’hui en poussant un coup de gueule. Cela fait des années, voir des décennies, que la NBA continue à vouloir gratter des dollars en vendant aux fans des sièges toujours plus proches du terrain. Des spectateurs collés à l’action, pour se sentir ‘encore plus proche de leurs stars’ et ainsi vendre du rêve même si cela représente un danger énorme pour ces joueurs. Les photographes sont entassés sous les arceaux comme les voyageurs de la Ligne 13 à 18h un Lundi, le panier est toujours aussi proche, et les joueurs eux évoluent physiquement : Jameer Nelson s’est notamment claqué une carrière sur ce genre de bordel, avec une cheville détruite à cause d’un type qui voulait vraiment prendre une photo de qualité sous le short des joueurs. Il est temps de changer les dispositifs mis en places par les arènes de la NBA, voir les dimensions du terrain, pour assurer plus de sécurité aux stars et moins de connerie en bord de terrain. C’est Jeff Van Gundy qui proposait cette idée (brillante) il y a quelques années : pourquoi ne pas repousser la ligne de fond d’un ou deux bons mètres, quitte à reculer également le panier ? Les joueurs d’aujourd’hui sont des monstres athlétiques, le matériel dont ils disposent doit lui aussi évoluer. Il sera donc intéressant de voir ce que Silver pense faire suite à cette blessure, qui n’est pas arrivée dans le cadre de la saison NBA certes, mais qui met une nouvelle fois le projecteur sur un dispositif de kamikaze toujours aussi dangereux : l’heure est à la réflexion, et au changement.

3) Quelles réactions attendre de la part des franchises NBA en voyant ce genre de blessure ?

C’est hélas la question qui crée le plus de grimaces. Depuis un paquet de temps, toutes les équipes de la Ligue se battent en fin de saison avec certains de leurs joueurs pour tenter de les garder tranquilles au chaud. Des tentations évidentes pour les compétitions internationales qui vont souvent à l’encontre de leurs contrats, mais qui forcent à trouver un commun-accord entre joueurs et franchises afin que tout se passe bien. On a suivi le feuilleton Dirk Nowitzki – Mark Cuban tel les Feux de l’Amour pendant des années, on a aussi vu que les Spurs voulaient garder la main sur Manu Ginobili cette saison : il est toujours difficile de comprendre les décisions venant de certains athlètes (coucou Joakim), mais force est de constater qu’avec la blessure affreuse vécue par George, certains propriétaires vont devenir de plus en plus réticents. Et des joueurs aussi vont rester au calme en été. Comment imaginer qu’un homme, qui débourse plus de 80 millions de dollars sur un athlète afin qu’il cartonne en NBA, ne soit pas hors de lui lorsqu’il voit son investissement s’écrouler à cause d’un match qui n’avait aucun rapport avec son contrat ? Au-delà de cette simple réflexion un peu trop aisée, il faut voir en cet évènement tragique un possible virage venant de la part des joueurs comme des franchises : la Team USA devra réaliser un Mondial parfait afin d’effacer ces images choquantes, tout en espérant pouvoir continuer à recruter des jeunes pour représenter la bannière étoilée. Kevin Durant et Anthony Davis ont l’air chaud pour le faire sur les prochaines compétitions, mais que vont dire les Pelicans et Thunder en assistant à l’épisode Paul George ? Après le joueur lui-même et les Pacers, c’est bien USA Basketball qui pourrait potentiellement souffrir le plus de cette blessure.

4) Que faire pour le Mondial à venir ?

On avait limite oublié qu’il y avait une compétition internationale dans à peine un mois, tant la blessure avait occupé la majorité des réflexions. C’est un véritable pile ou face que les joueurs de Coach K devront affronter lors de leur voyage en Espagne fin-Août. Pour l’heure, il faut donner un peu de temps au groupe et permettre à chacun de récupérer à sa façon : collectivement certes, mais sans devoir forcer le jeu. Le squad américain a tout ce qu’il faut, la poule y compris, pour remporter ce Mondial. Il serait du coup assez intelligent de la part du staff de permettre aux joueurs de se rassembler à leur façon et à leur rythme autour de la balle orange. La plus belle des démonstrations serait de remporter cette compétition pour Paul George. De la même façon que les Mavericks qui avaient perdu Caron Butler en pleine saison 2011, les hommes de l’Oncle Sam pourraient réaliser un scénario typiquement américain en allant chercher la médaille d’or pour PG. Le genre de feel-good story qui permettrait non seulement d’effacer une partie de l’horreur vécue ce vendredi, mais qui pourrait offrir aussi aux joueurs l’opportunité de donner une belle image des batailles internationales, retrouver le sourire, et effacer ces interrogations qui préoccupent pour le moment de nombreux athlètes.

Vous l’aurez compris, l’heure est au K.O. pour de nombreuses personnes, Paul George en premier, les joueurs, la Team USA et même les membres des franchises NBA. Seulement, cette blessure pourrait servir d’exemple, d’histoire tatouée à l’américaine pour une génération d’athlètes qui souhaitent traverser les plus grandes épreuves. On avait vécu les galères de Derrick Rose avec lui depuis deux ans, on enchaine sur un autre joueur avec une épreuve au niveau infiniment plus grand : à George de nous montrer qu’il peut y arriver, et à Adam Silver de prendre des décisions drastiques prochainement.

Source image : ESPN


Tags : Paul George

Dans cet article