Mondial 2014 : l’Espagne et Team USA seuls au Monde ?

Le 29 août 2014 à 18:47 par Alexandre Martin

Demain, sur les parquets espagnols, le 17ème championnat du Monde de Basket débutera. Cette compétition n’est pas la plus médiatisée dans le milieu de la balle orange et, au niveau du sport en général, la sous-exposition dont elle pâtit frôle parfois le surnaturel pour une discipline aussi spectaculaire ! C’est un tournoi qui est pourtant de très grande qualité à chaque édition. Les meilleures équipes de la planète vont s’affronter, sous nos yeux et pendant 15 jours (le programme c’est ici), pour notre plus grand bonheur en cette période de disette basketballistique.

Un titre mondial avec son pays, quelque soit le sport, ce n’est pas rien ! Tous les joueurs – dont certains seront épiés spécifiquement par TrashTalk – qui fouleront les terrains pendant cette quinzaine le savent et feront tout pour emmener leurs équipes respectives le plus loin possible. Et comme avant chaque grande compétition internationale, la question principale est la même : quels sont les 12 qui vont aller au bout ?

Team USA oui mais si le gros favori était l’Espagne ?

Bien évidemment, la Team USA – tenante du titre – et l’Espagne – qui évolue à domicile – se posent comme les deux gros favoris de la compétition. En effet, même très diminuée, l’escouade américaine possède dans ses rangs certains joueurs d’un niveau individuel inégalé dans les autres rosters comme par exemples : Anthony Davis, James Harden, Kyrie Irving ou Stephen Curry. Athlétiquement, nos amis à la bannière étoilée, sont également très au-dessus du lot avec Anthony Davis (encore lui !), les gros monstres comme DeMarcus Cousins et Andre Drummond sans oublier les deux Marsupilamis que sont Kenneth Faried et DeMar DeRozan. Et dire qu’il manque LeBron James, Russell Westbrook, Kevin Durant, Carmelo Anthony, Paul George, Dwight Howard, LaMarcus Aldridge, Blake Griffin ou Kevin Love pour ne citer qu’eux !! Et oui, le réservoir de joueurs américains est tout simplement dingue mais ça, ce n’est pas une surprise.

Ce quatuor monstrueux ne sera pas de la partie cette fois ! (image : Bleacher Report)

Ce quatuor monstrueux ne sera pas de la partie cette fois ! (image : Bleacher Report)

Ce qui ne sera pas non plus une surprise ce sera le style de jeu développé par Team USA. Mike Krzyzewski va demander à son équipe de jouer sur ses forces : un gros pressing défensif (très haut, voire souvent tout terrain), du jeu ultra rapide en transition et une grosse agressivité vers le cercle. Il y aura des passages en “small ball” avec des joueurs comme Rudy Gay au poste 4 mais, comparativement à la précédente, coach K devrait avoir plus souvent recours à un 5 avec 2 vrais intérieurs étant qu’il ne dispose pas des LeBron, Melo et Durant cette année. On peut douter de la capacité à défendre et de la maturité de cette équipe américaine dont le plus vieux joueur est Rudy Gay (28 ans). Par rapport à 2012, l’effectif manque cruellement d’expérience, beaucoup de gars vont découvrir le “Basket Fiba” et risquent de se faire surprendre par le style de jeu, le dureté d’équipes comme la Serbie, la Croatie ou la Lituanie qui ne sont pas forcément très connues outre-atlantique. Cela va être autre chose de jouer ces grandes nations européennes (ou le Brésil, l’Argentine) que de jouer des matchs de préparation contre Porto Rico ou la République Dominicaine, c’est un fait !
Mais cette Team USA est bien équilibrée. Coach K. sait parfaitement ce qu’il fait et comment il veut faire jouer son équipe. Qui peut défendre efficacement Kyrie Irving, James Harden, Steph Curry ou Derrick Rose (si son genou tient) lorsqu’ils ont la balle en main aujourd’hui ? Et puis, avec une ligne à 3 points à “seulement” 6m75 voire 6m25 dans les corners, il va falloir éviter de laisser trop seuls des snipers comme Klay Thompson, Stephen Curry ou même  Kyrie Irving sinon tout match peut tourner au massacre en quelques minutes. Au final, cette Team USA ne sera pas forcément aussi solide mentalement et défensivement (et encore…) que les précédentes mais, en attaque, elle restera extrêmement difficile à contenir de par la variété de ce qu’elle va pouvoir proposer.

En fait, une seule équipe semble avoir le niveau pour contrecarrer les ambitions des soldats de l’oncle Sam, plus que le niveau même puisqu’elle pourrait vraiment être considérée comme LE favori de ce Mondial devant Team USA. Il s’agit bien sûr de l’Espagne. Il y a encore quelques semaines, il aurait été difficile d’écrire ça mais avec les forfaits de Kevin Durant (fatigué) et de Paul George (cassé), il faut reconnaître que les Américains ont toujours fière allure mais qu’ils ne semblent plus tellement au-dessus de l’hôte ibérique. Car cette Espagne a tout ! Déjà, tous les joueurs majeurs ont répondu présents à l’appel de la sélection nationale. Ils évoluent au Real Madrid, au FC Barcelone ou sont titulaires de bonnes franchises NBA. Il y a du talent, de l’expérience, de la taille et un gros fond de jeu collectif qui est la marque de fabrique de cette équipe depuis 10 ans. Sur les lignes arrières, l’Espagne va pouvoir compter sur la triplette José Calderon – Ricky Rubio – Sergio Rodriguez pour se relayer à la mène et sur le duo Juan-Carlos Navarro – Sergio Llull pour occuper le poste 2. C’est très solide. Sur l’aile, Rudy Fernandez sera le titulaire avec le jeune prodige de Barcelone – Alex Abrines – en remplaçant. Et enfin, sous le cercle, l’Espagne dispose clairement de la meilleure raquette du tournoi avec la triplette composée des deux frères Gasol et de Serge Ibaka qui auront en Felipe Reyes et Victor Claver deux joueurs de banc tout à fait compétitifs et habitués à ce genre de compétition. Voici un roster extrêmement solide !

En voilà deux qui n'ont rien d'autre en tête que l'or ! (image : as.com)

En voilà deux qui n’ont rien d’autre en tête que l’or ! (image : as.com)

Championne d’Europe en 2011, l’Espagne était sortie en quart de finale du dernier Mondial (2010) avant de perdre en finale des JO 2012 contre les Américains et en demi-finale du dernier Euro contre Tony Parker nos Bleus. Inutile donc de préciser que ces joueurs auront faim de victoire et voudront évacuer les frustrations accumulées lors de ces récentes défaites. Et inutile également de préciser que le public sera à fond derrière son équipe pour l’aider à atteindre son objectif : être champion du Monde.

Et parmi les autres, qui peut créer une surprise ?

Il sera tout de même bien compliqué de venir arracher, sur leurs terres, le titre suprême aux frères Gasol et compagnie ! D’ailleurs, si elles finissent toutes deux premières de leurs groupes respectifs (fort possible), l’Espagne et la Team USA ne pourront alors se croiser que lors d’une finale qui promettrait d’être explosive… 
Mais tout ne va pas être simple pour ces deux têtes de gondole. Il va leur falloir se débarrasser d’une multitude de très bonnes équipes de basket pour décrocher le Graal mondial. Tout d’abord, il faudra compter avec les nations d’Europe de l’Est même si la Russie ne s’est pas qualifiée. Ces pays regorgent de joueurs talentueux, d’intérieurs au gabarits impressionnants et de shooteurs fous. La Croatie, la Serbie et la Lituanie vont se présenter à ce Mondial avec chacune au moins 4 joueurs culminant à plus de 2m10 ! Voilà de quoi occuper les intérieurs de n’importe quelle formation d’autant plus qu’il n’est pas rare de voir un Croate, un Serbe ou un Lituanien de cette taille avoir également un bonne technique voire un shoot très fiable. Côté “génie”, les Croates pourront compter Bojan Bogdanovic (Brooklyn Nets) et sur Dario Saric (12ème de la dernière draft). Les Serbes s’en remettront à Monsieur Milos Teodosic qui est capable de faire basculer tout type de rencontre et sur Bogdan Bogdanovic (27ème de la dernière draft) dont le talent ne demande qu’à éclabousser la scène internationale. Et enfin, les Lituaniens s’appuieront eux sur leur habituelle force collective, leurs snipers et le talent de Jonas Valanciunas ou de Martinas Pocius. A moindre mesure, la Slovénie des frères Dragic sera à surveiller mais semble quand même disposer de moins d’arguments que ses grandes sœurs citées précédemment.

Toujours en Europe, il est difficile d’estimer le niveau réel de la Turquie d’Omer Asik ou de la Grèce de Giannis Antetokoumnpo, Nick Calathes et Georgios Printezis mais ce sont typiquement le genre d’équipes qu’il ne faudra pas prendre à la légère car elles ne jouent jamais aussi bien que quand personne ne les attend. Hors grosses écuries européennes, les deux principales équipes à prendre en compte son bien évidemment l’Argentine et le Brésil. Même orpheline de Manu Ginobili, l’Argentine de Luis Scola, Pablo Prigioni ou encore Andres Nocioni reste une sacrée équipe de Basket sans véritable star mais munie de bons joueurs à tous les postes. Leurs voisins sud-américains du Brésil possèdent eux une énorme raquette autour du trio Anderson Varejao – Nenê Hilario – Tiago Splitter mais sont sûrement moins bien éqiulibrés et manque de talent sur les extérieurs où le niveau (et l’âge) de Leandro Barbosa (31 ans), Marcelinho Huertas (31 ans), Alex Garcia (34 ans) ou Marcelo Machado (39 ans) peut aisément rendre tout observateur assez sceptique.

Vous allez me dire : “Et les Bleus alors dans tout ça ?? On en parle ou pas ?” Bien sûr qu’on en parle ! Mais autant être franc : il est peu probable que la France fasse un grand résultat dans ce championnat du Monde. Un quart de finale serait déjà une très belle performance étant donné le nombre d’absents avec lesquels Coach Collet doit composer. Pas de Tony Parker, pas de Joakim Noah, pas de Kévin Séraphin, pas de Nando de Colo, pas d’Hervé Dubuisson, pas d’Antoine Rigaudeau, pas de Laurent Sciarra, pas d’Alain Digbeu, pas de Richard Dacoury et pas de Ian Mahinmi (pour ne citer qu’eux…) ! Oui, ça fait beaucoup ! Loin de moi l’idée de clamer ici que cette escouade bleue n’a aucune chance ou aucun talent bien sûr. Nos leaders – Boris Diaw, Nicolas Batum et Florent Pietrus – ont été impeccables et rassurants en préparation. Ils seront là pour ce Mondial. Nic’ Batum a une occasion en or de montrer à tout le monde qu’il peut porter l’équipe de France offensivement en l’absence de TP9. Captain Boris et le soldat Pietrus n’ont jamais déçu en bleu, il n’y a aucune raison pour que ça se produise lors des 15 prochains jours. Le souci c’est qu’autour d’eux – hormis Mike Gelabale qui fera le job à n’en pas douter – c’est jeune et sans réelle expérience. Le talent existe mais les Evan Fournier, Thomas Heurtel, Rudy Gobert, Antoine Diot, Edwin Jackson ou Jeoffrey Lauvergne ont tous au maximum 25 ans et ils vont être jetés dans le grand bain avec ce premier match contre les Brésiliens suivi le lendemain d’une délicieuse rencontre avec les Serbes. Au moins, on va tout de suite savoir de quoi sont capables notre raquette et notre défense…

Mais une chose est sûre, après cette superbe victoire à l’Euro et les émotions procurées par nos Bleus, quelques soient les résultats lors de ce Mondial, nous serons tous derrière Vincent Collet et ses hommes à partir de demain 18h00 (commenté en direct par des membres de la Rédac TrashTalk of course !). Un petit Mondial au mois de septembre, ça le fait bien mine de rien ! 


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