Chicago Bulls – Cleveland Cavaliers : les prémices d’une rivalité au sommet de l’Est

Le 07 sept. 2014 à 17:40 par David Carroz

De l’avis de nombreux observateurs, les deux franchises ayant le mieux réussi leur été se trouvent à l’Est. Et plus particulièrement dans la Central Division, distantes d’environ 500 km, l’une sur les rives du Lac Michigan, l’autre sur celles du Lac Érié. Les Bulls et les Cavaliers, puisque ce sont d’eux qu’il s’agit, affichent de grosses ambitions pour l’exercice à venir : le titre. Ce qui annonce de belles batailles lors des quatre rencontres de saison régulière entre les deux équipes. En attendant la guerre en PlayOffs ?

On en est encore loin, et les promesses sur la papier doivent encore se confirmer sur les parquets, mais Cleveland et Chicago ont le matériel pour nous offrir une rivalité épicée. Retour sur l’historique entre ces deux franchises et projection sur ce qui les attend. Et nous aussi.

Les années 80-90 : Jordan bifle Craig Ehlo, les Cavaliers, Cleveland et tout l’Ohio

La rivalité entre les Bulls et les Cavs n’est pas la plus connue et la plus intense de l’Histoire de la NBA. Mais elle a tout de même eu ses heures de gloire. La première se déroule entre la fin des années 80 et le milieu des années 90, avec cinq confrontations en PlayOffs entre 1988 et 1994. Résultat : 5-0 pour Chicago, dans le sillage d’un Michael Jordan écoeurant pour Cleveland. Ce que résume parfaitement Ron Harper, membre des Cavs avant d’être coéquipier de MJ lors du second three peat des Bulls.

Les Cavs avaient toujours le sentiment que s’ils pouvaient passer les Bulls, ils pourraient aller en finale. Et se faire battre par un joueur clé chaque année faisait vraiment mal. Il y avait toujours de l’espoir. Et tout le monde pensait que les Cavs avaient el plus de chance de rapporter un titre à la maison. Les Browns, les Indians, ils ne faisaient pas le taf. Mais tout le monde priait pour que le basket ait sa chance. – Ron Harper.

Et malgré un effectif talentueux, emmené par Mark prix ou Brad Daugherty et coaché par Lenny Wilkens, jamais l’obstacle chicagoan n’a jamais pu être franchi.

En 1988, alors que Jordan était encore bien seul chez les Bulls – le rôle du jeune Pippen, 22 ans, se limitant à contribuer en sortie de banc – Chicago s’impose 3-2 au premier tour. Et c’est JoJo, avec 45,2 points par match, qui fait la différence. Premier match : 50 pions. Second match : 55. Avant de se calmer avec 38, 44 et 39 points pour conclure la série.

Et cela n’est que le début du cauchemar pour la franchise de l’Ohio. L’intensité monte, surtout entre deux équipes de la même division. Mais comme toujours, ce sont les affrontement en PlayOffs qui ajoutent du piment, surtout quand la série se décide sur la dernière possession du match décisif en 1989. Les images sont entrées dans la légende. Un tir, 2 points, The Shot. Craig Ehlo est le premier à terre, suivi par ses coéquipiers, sa franchise et sa ville.

La frustration est visible chez les Cavaliers, et elle découle de la présence de Michael Jordan dans la ligue. Est-ce cela qui poussera Danny Ferry à tenter de frapper MJ en 1992 ? Car dans les années 90, les Bulls accèdent au sommet, pendant que Cleveland descend lentement mais sûrement dans le classement, encore plus après l’arrêt de la carrière de Brad Daugherty suite à ses soucis au dos. À tel point qu’en 2003, ils héritent du premier choix de la draft et signent l’enfant du pays qui fait saliver toute la ligue, LeBron James.

LeBron James redonne (un peu) d’honneur aux siens

Avec son arrivée, Cleveland se remet à rêver de jours glorieux, même s’il faut encore le polir, et l’entourer. Dans le même temps, les Bulls ont eux aussi décliné après le départ de Michael Jordan, et comme les Cavaliers en 2003, ils tirent le gros lot en 2008 pour récupérer leur prodige local, Derrick Rose. À l’instar de son ainé de l’Ohio, lui aussi redonne de l’espoir à une franchise à la recherche d’un guide depuis la fin de l’ère Jordan.

Installé depuis plus longtemps, c’est King James qui prend le dessus et lave l’honneur des siens, en particulier en 2010, quand au premier tour des PlayOffs les Cavaliers balaient Chicago 4-1. LeBron se balade avec 31,8 points, 9,2 rebonds et 8,2 passes. Oui, les Cavs sont au dessus des Bulls, et même si le titre n’est pas au bout, la supériorité de la division, voire de la conférence, est assurée.

Même si les deux franchises ne luttent pas souvent en PlayOffs, la rivalité prend une autre tournure. Plus personnelle. Il faut dire que King James, roi sans couronne à l’époque, peut agacer ses adversaires. Et à Chicago, il y a un joueur qui ne supporte pas cette attitude que certains – dont lui – considèrent comme du manque de respect. Joakim Noah, vous l’aurez reconnu, ne peut pas tenir plus longtemps sa langue dans sa poche, et lors d’une rencontre de saison régulière en décembre 2009, il n’hésite pas à faire connaitre son point de vue à LeBron James.

C’est le début de la grande histoire d’amour entre les deux joueurs, qui se poursuivra lors du départ du “Chosen One” à Miami. Mais “Jooks” va plus loin. Il n’y a pas que LeBron qu’il n’apprécie pas chez les Cavs, comme le montre également la vidéo ci-dessus. Pour lui, la ville de Cleveland craint. De quoi se faire apprécier pour ses prochains déplacements dans l’Ohio.

Et au final, l’intensité des matchs entre les Bulls et le Heat a, d’une certaine manière, contribué à alimenter la future rivalité avec les Cavs. En effet, en retournant à Cleveland, LeBron rembarque avec lui une bonne partie de l’animosité que les hommes de Thibodeau avaient pour Miami. À se demander si plus que les champions en titre, c’était James que les joueurs de Chicago – au moins une partie – voulaient abattre.

Il est temps de lutter à mort pour la suprématie

Mais tout cela fait désormais partie du passé. Comme entre les deux périodes précédentes, un temps mort a séparé l’affrontement de 2010 et celui qui se présente à nous, même si cette fois-ci, avec le retour de LeBron James et l’intensité des batailles entre Bulls et Heat lors de l’intermède floridien du King, la rivalité a continué à s’alimenter. Et aujourd’hui, alors que Chicago et Cleveland réalisent des intersaisons prometteuses, elle n’attend qu’une étincelle pour repartir de plus belle, les deux franchises apparaissant comme les favoris à l’Est. Reste à définir l’ordre.

Rivalité Bulls Cavaliers

Source : Amy Sancetta, AP

Si LeBron James et Derrick Rose sont de nouveau les figures de prou des deux équipes, le reste des équipages a bien évolué. À Chicago, en plus de Pau Gasol et Doug McDermott, ce sont des joueurs déjà présents qui ont progressé et pris de la bouteille (Taj Gibson, Joakim Noah, Kirk Hinrich, voire Jimmy Butler, drafté par les Bulls mais après la premier séjour de LBJ aux Cavs). À Cleveland, le grand ménage a suivi la free agency 2010. Exit les Big Z, Mo Williams, Delonte West et Antawn Jamison, place à Kyrie Irving, Tristan Thompson et Dion Waiters. Seul Anderson Varejao a assuré la continuité. Avec le retour de LeBron dans son royaume, d’autres sujets ont suivi, comme Mike Miller et James Jones. Et un nouveau prince, Kevin Love. De quoi offrir la meilleure starting lineup de la ligue. Sur le papier, c’est plus qu’envisageable. Il reste à confirmer sur le parquet.

C’est un peu la même chose pour les Bulls. Sur le papier, l’effectif est l’un des plus complets en NBA, les Spurs délocalisés sur les bords du Lac Michigan. Encore faut-il que Thibodeau gère ses rotations aussi bien que Gregg Popovich.

Quoiqu’il en soit, nous pourrions très vite être témoin du nouvel épisode de la rivalité entre Cleveland et Chicago, et peut être le plus abouti et le plus intense. À l’aube de cette saison, les deux équipes, en dehors de leur histoire, proposent un véritable contraste dans leur construction, leur mentalité et leur style de jeu.

Quand Chicago s’appuie sur une star sur le retour entourée d’un groupe homogène drivé par un coach confirmé et reconnu en NBA, Cleveland mise sur un trio majeur et un entraineur débutant. Si l’attaque des Cavs doit les porter au sommet, les Bulls vivent par leur défense. Pendant que les hommes de Thibodeau espèrent passer la vitesse supérieure après deux ans en sur-régime à attendre Derrick Rose et le retour des ambitions, la nouvelle équipe de David Blatt luttait pour les meilleurs tours de draft, incapable de sortir de son entreprise de reconstruction. Et change de statut en un été.

Les leaders aussi possèdent des styles très différents. D’un côté Derrick Rose, connu pour être un modèle d’humilité et qui refuse de jouer les recruteurs. De l’autre, LeBron James, la superstar dans toute sa splendeur, dont personne ne doute de l’influence dans l’arrivée de Kevin Love dans l’Ohio. Deux approches différentes pour la même recherche de l’excellence et de la victoire.

Restent les villes, dont la mentalité laborieuse est le – seul ? – point commun. Mais cette culture est beaucoup plus présente à Chicago qu’à Cleveland, où le côté glamour qui existe à Mimai a été reproduit au sein de la Rust Belt.

Deux états, deux villes, deux franchises. Deux approches différentes du basket, mais un seul but, le titre. Quatre matchs en saison régulière pour fixer le rapport de force, et jusqu’à 7 en PlayOffs pour définir le meilleur des deux. Et d’autres prétendants à battre pour arriver au bout. Choisissez votre camp.