Le Game 3 d’Aaron Gordon face aux Lakers : symbole ultime de son intégration réussie à Denver

Le 26 avr. 2024 à 18:27 par Robin Wolff

Aaron Gordon Denver Nuggets 20 janvier 2023
Source image : YouTube

Aaron Gordon a été exceptionnel hier soir dans le troisième match de la série du premier tour opposant les Denver Nuggets aux Los Angeles Lakers. L’ailier fort a envoyé 29 points et 15 rebonds à 12/18 au tir. Plus que jamais, AG prouve qu’il était le maillon manquant pour permettre aux Nuggets d’atteindre les sommets. 

Aaron Gordon a été flamboyant dans la victoire 112 à 105 des Nuggets face aux Lakers, mettant dans son ombre – le temps d’un soir – ses coéquipiers Nikola Jokic et Jamal Murray. En défense, l’ailier-fort de 28 ans n’a cessé de se coltiner LeBron James et Anthony Davis tout en apportant énormément de l’autre côté du parquet. 29 points, 15 rebonds (donc cinq offensifs) et 3 passes décisives à 67% au tir. Aaron Gordon a terminé meilleur scoreur et meilleur rebondeur de son équipe en Playoffs, une équipe en quête d’un back-to-back.

Si on nous avait dit tout ça il y a encore quatre ans, on ne l’aurait pas cru. Mais le pire, c’est que ce n’est même pas si surprenant tant l’ancien du Orlando Magic a des airs de match-up cauchemar pour Los Angeles (comme pour beaucoup d’autres équipes de la Ligue).

Pendant qu’Anthony Davis n’a d’autres choix que de se focaliser sur Nikola Jokic pour des raisons évidentes, un autre défenseur de grande taille et de qualité doit être mobilisé pour surveiller Michael Porter Jr. comme le lait sur le feu. De ce fait, Aaron Gordon se retrouve régulièrement défendu par un joueur plus petit que lui, moins physique, et moins à l’aise de ce côté du parquet. En l’occurrence, dans cette série, on peut penser à Rui Hachimura, Austin Reaves ou Taurean Prince.

Avec Nikola Jokic en Point Center et Michael Porter Jr. qui écarte les défenses, Aaron Gordon a souvent le loisir de faire ce qui lui chante dans la raquette. Il se disperse moins, sait qu’il doit s’appuyer sur ses qualités physiques et être une menace aérienne près du cercle pour ses adversaires. Sa simple présence permet aux Nuggets de gagner grandement en verticalité, ce qui les rend beaucoup plus difficiles à défendre. Il est un maître dans l’art de se faire oublier ; il est le roi du dunker spot. L’intérieur des Nuggets était souvent critiqué pour son manque de QI basket avant son transfert dans les Rocheuses, mais apparaît désormais comme une pièce essentielle d’un collectif intelligent et parfaitement huilé.

Mais son rôle, ce sont peut-être Nikola Jokic et Michael Malone qui en ont le mieux parlé au micro de The Athletic :

“Ce qui est incroyable, c’est à quel point il a accepté son rôle lorsqu’il a été tradé chez nous. Il sait que chaque match sera différent pour lui et cela lui convient. Il sait qu’il y aura des soirs où il marquera 10 points. Il sait qu’il y aura des soirs où il touchera beaucoup la balle et où il sera extraordinaire. Mais il fait tout ce dont notre équipe a besoin, et notre équipe ne serait pas la même sans lui.” – Nikola Jokic

“Nous attendons beaucoup de lui. Nous avons besoin qu’il soit un meneur de jeu, un défenseur, un joueur qui coupe vers le panier, qui marque des points, un rebondeur. Nous avons besoin qu’il soit un point d’ancrage lorsqu’il joue avec les remplaçants, un peu comme ce que fait Nikola (Jokic) pour nous quand il est sur le terrain.” – Michael Malone

Sa complémentarité avec le reste du cinq majeur est difficilement descriptible.

Des compilations de passes aveugles de Nikola Jokic à son égard sont légion sur internet, comme si les deux hommes savaient toujours où était l’autre et ce qu’il avait en tête. Une complicité télépathique qui reste une des armes majeures du jeu des Nuggets même lorsqu’ils affrontent une des meilleures raquettes de la Ligue, comme celle composée hier soir par LeBron James et Anthony Davis. Ses écrans pour Jamal Murray, ou même pour les déplacements sans ballon de Kentavious Caldwell-Pope et Michael Porter Jr., sont également une composante essentielle du jeu de Mile High City.

Mais cette intégration réussie, Aaron Gordon n’en a jamais douté, pas même lorsqu’il venait d’être transféré, quittant le soleil de la Floride pour l’altitude du Colorado. C’est en tout cas ce qu’il a confié à The Athletic :

“Honnêtement, lorsque je suis arrivé, je m’attendais à jouer le titre. J’ai immédiatement pensé qu’il s’agissait d’un bon fit. Je pense que ce que tout le monde voit, c’est que dans notre cinq de départ, on n’empiète pas les uns sur les autres.”

Chacun connaît son rôle et se cantonne à ce qu’il sait faire. Lors de sa performance exceptionnelle, hier soir, Aaron Gordon n’a pris qu’un seul de ses 18 tirs derrière l’arc. En 2017-18 à Orlando, l’ailier-fort en prenait six en moyenne par match, pour une réussite de moins de 34% dans l’exercice.

Le mot d’ordre ? Faire moins pour faire mieux, tel un restaurant qui déciderait de raccourcir son menu pour se concentrer sur ses spécialités. Chaque amateur de gastronomie sait qu’une carte de trois pages avec les photos des plats n’est jamais bon signe. Chaque amateur de basket-ball sait qu’un grand dadais qui prend des step-backs à 3-points avec un faible pourcentage de réussite alors que son coéquipier est ouvert n’est jamais bon signe. Montrer moins pour prouver plus, au bouche-à-oreille comme à l’impression visuelle.

Le transfert d’Aaron Gordon a été le dernier pion qui a permis à Denver d’entrer dans la course au titre. Le move qui a mis en échec bon nombre d’adversaires. Mais pour pouvoir faire mat, il a fallu du temps. 18 mois de frustration au cours desquelles seules les blessures freinaient les ambitions collectives des joueurs de Michael Malone.

“Lors de ma première année, nous étions sur une bonne dynamique, mais Jamal (Murray) s’est blessé. L’année suivante, c’était Mike (Porter Jr.). Les blessures font toujours partie du jeu, mais si vous enlevez les blessures, je pense que nous aurions déjà gagné un titre (avant celui de 2023 ndlr.). C’est vraiment génial de jouer avec ces gars. Ils sont tellement talentueux et ils rendent le jeu facile.”

Les Nuggets ont commencé à dominer un petit peu plus tard que prévu mais qu’importe. Pour Aaron Gordon comme pour son équipe tout a changé. Désormais Denver n’est plus le dernier dinosaure, mais bien le premier prédateur. Demandez aux Lakers.

Source texte : The Athletic


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