Playoffs Revival : Bill Russell porte les Celtics sur ses épaules

Le 17 mars 2014 à 13:43 par David Carroz

Playoffs Revival Nill Russell
Source image : Youtube

La saison régulière, c’est sympa, les matchs se multiplient, mais on ne regarde plus que d’un oeil discret ces rencontres sans véritable enjeu. Entre les joueurs mis au repos, les coaches qui testent des rotations et les équipes qui tankent, difficile de vibrer avec intensité. Pour vous aider à patienter, petits retours sur les grands moments de l’histoire des playoffs. Parce que c’est à cette période de la saison que les légendes naissent et que les fauves sortent les crocs.

Aujourd’hui, remontons très loin dans le temps. À une époque où la ligne des 3 points n’existait pas et où la NBA ne comportait que 9 équipes réparties entre deux divisions, la Western et la Eastern. Cette année-là, les USA reconnaissent intervenir militairement au Viêt-Nam et doivent gérer la crise des missiles à Cuba. En NBA, les Lakers et les Celtics s’affrontent pour la seconde fois de l’histoire en finale, la première fois depuis le déménagement des “Or et Pourpre” à Los Angeles. Une série qui va jusqu’au Game 7, durant lequel Bill Russell va réaliser une performance de titan.

Le contexte – les premières luttes entre Celtics et Lakers

Après s’être rencontrés en 1959, les Lakers et les Celtics se croisent de nouveau en finale NBA. Lors de la première confrontation Boston avait écrasé Minneapolis 4-0 dans ce qui va devenir un classique pour un duel qui va se reproduire treize fois lors des Finales. En 1962, Boston se retrouve pour la 6ème fois consécutive sur la dernière marche, à un doigt d’un quatrième titre d’affilé. Emmenés par Bill Russell MVP de la saison régulière, ils terminent avec le meilleur bilan de la ligue, 60 victoires pour 20 défaites. Exemptés de demi finale de division, ils remportent la finale face aux Warriors de Philadelphie 4 à 3. L’effectif des C’s a fière allure avec les futurs Hall of Famers Bob Cousy, K.C. Jones, Sam Jones, Tom Heinsohn, Tom Sanders, Franck Ramsey et donc Bill Russell, le tout coaché par Red Auerbach.

En face d’eux se dressent donc les Lakers, équipe fraichement arrivée à Los Angeles (deuxième saison), et dont la popularité est croissante. Les célébrités commencent déjà à affluer au Los Angeles Memorial Sports Arena. Pas encore de Jack Nicholson ou de Snoop, mais les matchs des Lakers sont un endroit où être vu. Malgré la présence intermittente de leur star Elgin Baylor (appelé en réserve pour l’armée, il ne jouait que les weekends ou lors des permissions), L.A. parvient à accrocher le meilleur bilan de la division Ouest, avec 54 victoires pour 26 défaites. Il faut dire que les absences de Baylor ont deux avantages. Tout d’abord elles lui permettent d’être frais et injouable lorsqu’il est sur le parquet (38,3 points par match), mais surtout elles ont accéléré le développement de Jerry West qui avait tendance à s’appuyer sur le scoring de son coéquipier au début de sa carrière.

Après avoir éliminé les Detroit Pistons 4-3 en finale de division, les Lakers sont heureux de retrouver Boston plutôt que Philadelphie. Sans jeu au poste, ils ne se voyaient pas affronter Wilt Chamberlain dans la raquette. Car même si les Celtics possèdent Bill Russell dans leur rang, son impact est avant tout défensif et il n’est pas aussi dominant offensivement que Wilt. Malgré cela, Boston remporte le premier match au Garden, 122 à 108, avec sept joueurs en double figure. L.A. rebondit en récupérant l’avantage du terrain grâce à une victoire 129-122 au match suivant grâce aux 40 points de Jerry West et 36 d’Elgin Baylor

Lors du Game 3, une foule de 15180 personnes (record pour la Sports Arena) va assister au premier moment de légende de cette série. À quelques secondes de la fin, Jerry West égalise pour les Lakers à 115 partout. Sam Jones essaie de relancer le jeu en donnant la balle à Bob Cousy, mais West intercepte et part au layup pour scorer au buzzer. Score final, 117-115 pour LA. Au grand dam de Red Auerbach qui a toujours soutenu qu’il était impossible pour West de dribbler sur la moitié du terrain et marquer en 3 secondes. Le banc des Lakers pensait sûrement la même chose en lui hurlant dessus de shooter alors qu’il allait au panier.

“J’avais dévié la balle en courant. Je savais que j’avais assez de temps, parce que je savais où en était l’horloge. Je suis souvent surpris aujourd’hui que les jeunes joueurs ne fassent pas attention à l’horloge.” – Jerry West.

Mais les Celtics calment rapidement l’euphorie des supporters en remportant le Game 4 pour retrouver de nouveau l’avantage du terrain. 115-103 pour eux. De retour à Boston, les C’s vont assister impuissants à la démonstration d’Elgin Baylor lors du Game 5. 61 points (record pour une finale NBA), accompagnés de 22 rebonds. Mode machine activé, victoire 126-121, les Lakers rentrent chez eux en étant à un match du titre.

“Tout ce dont je me souviens c’est que nous avons gagné le match. Je n’ai jamais réfléchi à mon nombre de points.” – Elgin Baylor.

Cette fois encore, les Celtics rebondissent, en allant remporter le sixième match de la série à Los Angeles, portés par un Bill Russell impressionnant : 48 points et 24 rebonds plus tard, les C’s gagnent le droit de retourner à Boston pour jouer le match décisif. Rendez-vous au Garden pour en découdre une dernière fois.

La performance – Bill Russell en 30-40

Boston mène de 6 points à la mi temps, 53-47, malgré un Sam Jones maladroit (1/10). Les Lakers attendent un nouvel exploit de Baylor qui a déjà pris 18 tirs (8 réussis). Les C’s réussissent à maintenir leur avance pendant une grande partie du troisième quart temps, avant que West ne score 7 points consécutifs dans la dernière minute de la période. 75 partout avant le dernier quart. Tout se complique alors pour les Celtics puisque Jim Loscutoff, Tom Sanders et Tom Heinsohn se retrouvent sur le banc, fouled out pour avoir essayé de contenir Baylor, auteur de 41 points ce soir-là. Bill Russell élève son niveau de jeu pour apporter son écho offensif en plus de sa défense habituelle.

À 5 secondes de la fin, les deux équipes sont toujours à égalité, 100 partout. Balle et temps mort aux Lakers. Schauss donne l’ordre de priorité à ses joueurs pour prendre le shoot pour la victoire. Baylor en premier, West ensuite, puis n’importe qui d’autre d’ouvert dans le dernier cas. La balle arrive dans les mains de Selvy qui prend le baseline jumper. Renvoyé par le cercle et récupéré par Bill Russell.

“J’échangerais tous mes points contre ce dernier panier.” Frank Selvy.

Car lors de l’overtime, les Celtics s’en sortent et remportent le match 110-107, dans le sillage de l’énorme Bill Russell : 30 points et surtout 40 rebonds, un record toujours d’actualité et pas près d’être égalé.

“Selvy pensait avoir subi une faute de Bob Cousy. Je pensais que Cousy avait fait faute sur lui. Il a pris le tir d’un endroit où il était très efficace. Cousy a dit qu’il n’avait jamais fait faute. J’étais en position pour prendre le rebond offensif. Mais quelqu’un m’a poussé hors du terrain dans l’arbitre. Il n’y a pas eu de coup de sifflet là non plus. J’ai regardé derrière et j’ai vu Russell et Sam Jones.” – Elgin Baylor.

La suite – les Celtics construisent une dynastie

Quelques années plus tard, Sam Jones reconnaitra l’avoir poussé. Mais le titre était déjà loin et la dynastie Celtics en marche, puisqu’ils vont ensuite remporter six des sept prochaines finales NBA. Pour permettre à Bill Russell de gagner 11 titres en 13 ans.