David Griffin, on y croit : “Je n’ai pas consulté LeBron pour virer David Blatt, c’était ma décision”

Le 23 janv. 2016 à 06:25 par Bastien Fontanieu

Depuis la nouvelle concernant le renvoi de David Blatt, tout le monde se donne dans les théories du complot ou les ficelles se cachant derrière une telle affaire. Sauf qu’apparemment, il n’y aurait pas besoin d’aller chercher bien loin : tout a été orchestré par le GM des Cavs. Ah bon ? Merde !

On vit donc dans un monde où chacun respecte son rôle et personne n’ose intervenir dans les décisions des autres. Cela voudrait dire que LeBron n’avait pas le moindre mot à dire concernant l’éviction du cher Blatt ? Tiens, bizarrement, on n’y croit pas une seule seconde. Une des tentations suivant cette lourde information consistait à pointer James du doigt et le rendre une nouvelle fois responsable d’un tel virage en plein milieu de saison. Vrai, faux ? Peu importe, il est évident que le numéro 23 a son mot à dire dans les décisions prises par le management de sa franchise, c’est ainsi que le business du sport fonctionne quand on possède une star comme Bron et cela n’est pas prêt de changer. Cette place d’exception était d’ailleurs soulignée par David Griffin lui-même en novembre dernier. Oui, souvenez-vous, dans un entretien avec Ric Bucher de Bleacher Report, le General Manager de l’Ohio décrivait le siège du cyborg de la façon suivante…

Il aura la voix la plus importante, c’est un savant du basket et un joueur accompli, qui comprend tous les aspects du jeu et possède plus de connaissances de ce sport que n’importe quel autre humain que j’ai pu rencontrer. Le coaching, le management, tout. Ce serait donc fou de ma part, de ne pas le consulter sur ce qu’on souhaite faire. […] L’idée selon laquelle il dirigerait tout n’est pas la bonne, il n’est pas ainsi.”

Quelques semaines plus tard, la marmite fait des siennes et les Cavs pataugent, notamment avec cette gifle monumentale reçue des mains des Warriors, le soir du Martin Luther King Day. La victoire face à Brooklyn n’est qu’anecdotique, la paperasse est déjà prête pour un Blatt renvoyé dans les vingt-deux, Tyronn Lue étant catapulté dans le siège de coach principal. Et justement, ce vendredi, l’ami Griffin s’exprimait auprès des journalistes afin d’expliquer cette décision, sa décision apparemment, puisqu’il ne s’agit pas d’un choix réalisé en communion avec les joueurs. Bien évidemment, on sait que la NBA n’est pas un monde de bisounours dans lequel les GM demandent aux athlètes s’ils souhaitent garder leur coach ou non, mais dans le cas de LeBron à Cleveland ? C’est sa baraque, son bordel, celui qu’il a discrètement tenu en main avec le General Manager en partenaire, notamment lors des décisions les plus récentes. Shumpert, Mozgov, Gérard, Richard Jefferson ou Mo Williams ? Approuvé par bibi. Prolonger Tristan Thompson dès que possible ? De même. Et du coup, concernant Blatt, comment ça s’est passé ? Une question évidente posée à Griffin ce vendredi, à laquelle il a répondu ceci…

Je n’ai parlé à aucun joueur avant de prendre cette décision. C’est très important pour moi que les gens comprennent ceci : c’est ma décision. C’est la décision de notre staff, j’en ai discuté avec le groupe de propriétaires et ai obtenu leur accord. Je ne fais pas de sondages, mon boulot consiste à mener cette franchise sur la bonne voie, et c’est ce que j’ai fait. Je n’ai pas demandé l’avis de qui que ce soit dans l’équipe, je vais moi-même dans le vestiaire et j’ai fait ça depuis longtemps, je sais à quoi cela doit ressembler : je n’avais pas besoin de poser de questions.

Différence entre le recrutement des joueurs et le recrutement d’un entraîneur ? On peut le concevoir. Mais cette réponse a davantage une odeur de couverture tout à fait compréhensible venant de la part d’un GM qui souhaite protéger son vestiaire, plutôt que celle d’un homme droit dans ses bottes et sûr de son move, à la Pat Riley. Elle est peut-être là, aussi, la différence entre la franchise dans laquelle évolue LeBron actuellement et son ancienne. Moins de contrôle à South Beach, car la présence de Patoche imposait déjà un siège principal occupé par le gominé de Floride, davantage de mains sur le volant dans l’Ohio, car son retour au bercail lui permet d’obtenir un peu le contrôle total de ce qui se passe de A à Z chez les Cavs. Un mécanisme tout à fait compréhensible, qui nous rappelle certaines légendes en demande de pouvoir (coucou Jordan et les Wizards), et dont on ne peut vraiment contester les décisions. L’idée ici n’est pas de jouer au jeu du vrai ou faux, de savoir qui ment ou qui a raison. Il faut simplement remettre les déclarations dans leur contexte, et rappeler que certaines phrases possèdent de lourds sous-titres. Peut-être que LeBron n’était pas à 100% derrière cette décision (rires) et qu’il s’agissait d’un choix totalement assumé par David Griffin, mais qu’on ne nous dise pas ce qu’on voit en gros écrit derrière le GM des Cavs : ce changement a été opéré en adéquation avec le numéro 23, et c’est normal compte tenu de la situation actuelle à Cleveland.

L’heure d’assumer cette direction est arrivée pour David Griffin, en excellent bouclier de LeBron à la tête du management local. Auteur d’un excellent travail de reconstruction bien avant le retour du King, le grand cerveau des Cavs est peut-être sûr de son coup mais attention à ne pas oublier la réalité du business : s’il y en a un qui prendra bientôt la porte en cas de désaccord avec LBJ, c’est bien lui. Avec ou sans sous-titres.

Source image : Montage Reddit + Cleveland.com