Kobe, Duncan, Parker, Ginobili : une page légendaire du basket mondial s’est tournée sous nos yeux

Le 27 août 2016 à 06:38 par Bastien Fontanieu

Fiou… enfin. Enfin, ce point d’exclamation venu après quatre longs mois passés à honorer des légendes du jeu, qui ont dit adieu au sport, à leur façon. Que ce soit pour la NBA, les Jeux Olympiques ou leur nation, ces monstres sacrés ne seront jamais oubliés : retour sur une période dont on est – franchement – encore un peu bourré.

Y’a pas à chier, ça fait du bien. Oui, ça fait du bien, de pouvoir enfin respirer normalement et digérer, après avoir vécu tant de semaines enrobés dans cette robe tissée par la maison de couture Nostalgique, celle qui nous présente ses dernières pièces à l’arrivée de chaque printemps. C’est elle qui nous contacte avec douceur, un peu de timidité mais surtout beaucoup de respect, pour nous prévenir de ce qui se pointe à l’horizon. Car elle sait, mieux que quiconque, que sa touche aura un impact ineffaçable, elle qui nous aide à mieux assimiler le départ de grands hommes et de grandes femmes, des athlètes qui ont marqué notre enfance, notre adolescence, nos moments d’adultes en transe. Cependant cette année, assez exceptionnellement, le défilé était plus intense, plus historique même. Elle le savait d’ailleurs, assez tôt. Elle savait qu’elle ne pourrait nous laisser sans assistance, sans pouvoir compter sur son plus grand soutien. Non, désolé de devoir imposer ces mots auprès des quelques mauvaises langues dispersées dans les rangées des tisseuses, toutes les retraites ne sont pas les mêmes. Car toutes les carrières ne sont pas les mêmes, Sherlock. Et celles qui se sont arrêtées d’avril à août 2016 étaient retentissantes, bourrées d’images qu’on ne pourra déchirer de notre livre personnel, bétonnées de souvenirs séchant dans notre mémoire sportive comme émotionnelle.

Kobe, Tim. Tim, Kobe. L’un qui annonce son départ 8 mois plus tôt (sentiment plus proche de deux ans et demi), l’autre qui fait ses adieux entre trois sudokus et un texto, mais un séisme sportif similaire tant les deux joueurs ont marqué la NBA ces vingt dernières années. Quand deux des, allez, quinze meilleurs basketteurs de l’histoire rangent leurs genouillères en l’espace de trois mois, il y a de quoi être abasourdi. Ce point de départ à l’effet de gifle assourdissante servira d’introduction aux olympiades, précédées par quelques irréductibles renois quittant leur bled de toujours pour trouver leur zone de confort ailleurs. Oui, ces départs aussi étaient compliqués à avaler. Kevin, Dwyane, you’re welcome.

Manu, Tony. Tony, Manu. Le drapeau en berne, la gueule de bois encore bien là malgré la distance espace-temps. Deux fabuleux compétiteurs, qui ont fait de leur pays des places fortes du basket, une tâche indescriptible mais parfaitement remplie par ce duo qui se retrouvera une dernière fois, main dans la main, sous un maillot texan. Quand les, allez, deux meilleurs joueurs de l’histoire de leur nation décident de dire stop, il y a de quoi être abasourdi. Et avant même que le tango franco-argentin ne s’arrête, la valse bavaroise nous quittait un an plus tôt, en direct de Berlin. Mais s’il fallait s’arrêter là, ce serait presque trop facile. Dangereux au niveau cardiaque, certes, mais presque trop facile. Non, pour faire de ces quatre derniers mois une immense page du basket qui se tourne, une gastro désormais prête à être soignée, il faut bien ajouter des soldats plus petits, des figures marquantes, ‘moins marquantes’ certes, mais bien présentes lorsqu’on revisite notre amour pour la balle orange.

Il y a Florent Pietrus et son hustle permanent. Mais… c’est lequel des deux Pietrus ? Question à laquelle on ne pourra plus répondre, du moins en équipe de France. Flo a dit stop après avoir tout donné, après avoir tant inspiré, tant transpiré. Il y a Mickaël Gelabale, lui aussi meuble inamovible de la maison EDF, lui aussi sujet à des blagues indémodables sur son nom de famille, traversant les galères et les préparations estivales, sans broncher. Leur adversaire idéal, historique ? L’Espagne, évidemment. Il y a donc Juan Carlos Navarro et Jose Calderon, en larmes sur le parquet, célébrant leur médaille de bronze arrachée des mains des Australiens, comme deux frères. Allez, on va l’avouer et se fouetter ensuite avec un maillot de Thomas Heurtel : oui, on a eu quelques frissons en voyant ces deux garçons partir, ce duo qui était bien là quand ça chauffait entre notre pays et le leur, deux visages si faciles à reconnaître, tellement liés à nos peines comme à nos réjouissances. Dans cinq ans, dans dix ans, dans vingt ans, on recroisera Jean-Charles de Navarre et on criera Bomba. Pourquoi ? Parce que c’est comme ça, point barre. Il y a aussi Andres Nocioni, moins apprécié mais enfoncé plus que jamais dans nos meilleurs souvenirs, l’armée américaine de 2004 qui échoue à Athènes, le taureau argentin serrant Ginobili dans ses bras tel un père qu’on n’aurait pas vu depuis vingt ans. Ah, André, toi aussi tu vas nous manquer.

Et si ce n’était qu’une question de mecs ? On pourrait enfin sortir les mouchoirs. Sauf que, well, non. Il y a Tamika Catchings, légendaire dans le basket féminin et pour sa bannière étoilée. Elle aussi, ici ou là, a croisé votre regard si vous avez vu le basket grandir, la WNBA en premier. Il y a Sue Bird et Diana Taurasi, qui n’ont certainement pas prévu de tout arrêter aujourd’hui mais feront difficilement une cinquième campagne olympique. Elles aussi, mine de rien, ont représenté des moments de balle orange insérés dans des recoins de notre mémoire. Enfin, il y a ceux qu’on reverra, peut-être, peut-être pas, mais qui ne pourront qu’accentuer la lourdeur de ces quatre derniers mois. Il y a Kevin Garnett, évidemment, Tonton, qui n’a toujours pas donné sa décision mais semble clairement destiné à ne plus revenir sur les parquets. Nous sommes prêts, nous l’avons toujours été en fait. Il y a Pau Gasol, qui fera probablement de nouvelles compétitions pour la Roja mais ne pourra pas aller à Tokyo avec les siens en 2020. Quel autre joueur FIBA a plus dominé que le maire de Villeneuve d’Ascq, entre 2006 et 2016 ? Nadie. Voilà aussi ce qui fait de cet été de l’an vingt-seize un cru si particulier, et si douloureux à assumer. Ce ne sont pas des retraites comme les autres, car ce ne sont pas des athlètes comme les autres. On parle de figures emblématiques, de GOAT nationaux, de clients passés par les VHS, DVD et Blu-Ray. Merde, la nausée revient. On parle de joueurs qui feront exploser notre coeur lorsqu’on les recroisera, car les souvenirs seront trop nombreux dès que nos yeux les croiseront.

Oui, ce fût difficile à vivre et c’est encore le cas pour beaucoup de monde. Car le rythme de digestion est propre à chacun, en fonction des moments partagés avec ces icônes sportives, et que ces derniers mois ont été marqués par les départs de joueurs légendaires. Mais maintenant que les Jeux Olympiques sont terminés, que la nouvelle saison approche et que les transferts ont été analysés, l’heure est venue d’accepter ces disparitions. Doucement, sûrement, en regardant les posters encore accrochés au plafond. 

Source image : Montage YouTube